L'Aide sociale à l'Enfance dans la tourmente
L' AUTRE FIASCO D' OUTREAU
Ce sont eux, les premiers, qui découvrirent la Tour
du Renard et les protagonistes de l'affaire. Eux encore qui alimentèrent
l'instruction désastreuse du juge Burgaud. Etrangement silencieux entendus à huis clos par la commission
d'enquête parlementaire, les services de protection de l'enfance font
aujourd'hui l'objet de deux enquêtes internes. Retour sur un désastre
C'est un dommage collatéral, une victime oubliée de l'affaire d'Outreau.
Celle‑ci n'a jamais été emprisonnée, ni même mise en examen, mais elle a
laissé dans l'histoire bien plus que sa dignité, elle a perdu quatre enfants.
Monique Fouquerolle, ex grande copine et voisine de Myriain Badaoui, promène
son grand corps et sa peine sous la neige d'Outreau. Des cheveux fins, un
sourire tout troué, elle marche, Caméscope en bandoulière. Deux mercredis par
mois, Monique a rendez‑vous à l'Utass (unité territoriale de l'action
sanitaire et sociale) pour voir ses fils. Une heure et demie sous le regard
d'une assistante sociale, c'est peu, alors Monique filme pour se rappeler. Elle
gâte, embrasse, dit que maman aime très fort puis regarde les "petiots
" s'éloigner. Les jours de blues, elle les bombarde de textos, les jours
de chance, elle les croise avec leurs assistantes maternelles dans les rayons
d'Auchan. Maman de seconde zone, voilà. Ça fait bientôt cinq ans, depuis cette
sortie d'école, en juin 2001, où une assistante sociale lui a dit: « Madame,]»e dois vous prendre vos enfants
pour manque de sécurité. » « Manque de sécurité de quoi ? », a demandé
Monique. Un papier évoquait les risques d'« évoluer
dans un immeuble où de nombreux enfants seraient victimes, avec des parents
déjà mis en examen ». Pourtant
ses garçons ‑ dont trois avaient pour
père les accusés François Mourmand (1) et Thierry
Dausque (2) ‑ avaient
déjà été entendus et examinés
à l'hôpital trois mois plus tôt, sans
résultats.
Et puis à cette époque, la tour des Merles était
déjà quasiment vide... Monique
a hurlé, proposé d'aller en foyer avec les enfants, on
lui en a pris quatre et
on lui a laissé le cinquième, qui avait 9 mois... Peu
à peu elle a tout perdu,
ses allocs, son courage, son logement. On lui dit aujourd'hui qu'elle
n'a plus
les moyens de recevoir décemment ses fils. Monique baisse la
tête: « Us gens de la Ddass, avec nous ils jouent à
pile ou face. »
La Ddass... On en parle ici avec autant de colère que de la justice et
du petit lieutenant Burgaud. On dit encore « la Ddass », avec tout ce que
le sigle charrie d'arbitraire et de casse, alors qu'elle s'appelle Aide sociale
à l'Enfance (ASE), depuis plus de vingt ans (cf encadré). L'ASE est au coeur du ravage d'Outreau. Mais à l'heure où
l'on tente de disséquer l'engrenage infernal, elle reste étrangement silencieuse.
Les auditions de ses agents devant la commission parlementaire ont lieu à huis
clos. La presse est tenue à l'écart. Secret professionnel, dit‑on,
volonté de préserver le personnel traumatisé. Après trois semaines
d'insistance, le président du conseil général du Pas‑de‑Calais,
Dominique Dupflet, a accepté de nous recevoir. Lui qui, comme le ministre de la
justice, a ordonné une enquête interne sur ses services, l'avoue d'emblée : «
Si on avait fait correctement notre
travail, il n'y aurait probablement pas eu d'affaire Outreau. »
La famille Delay‑Badaoui, par qui toute l'histoire a commencé,
était une bonne cliente de l'Utass d'Outreau, l'antenne locale de PASE. Dès
1992, la mère, Myriam, est suivie par la puéricultrice et les assistantes
sociale chargées du quartier de la Tour du Renard Son histoire s'étale dans des
dizaines de rapports : le père violent, l'Algérie, femme battue, sa petite
fille perdue, la rencontre avec un autre naufragé,Thierry Delay... Les
travailleuses sociales passent des heures à l'écouter. EH veut de l'aide, on
lui en donne. D'accord pou placer l'aîné, Jimmy, le fils de son ex‑mari.
A 5 ans, «le bougnoule», comme
l'appelle so beau‑père, est confié un, deux, puis six mois à des familles
d'accueil. Les dames de PASE veillent sur les autres petits. Benjamin, 4 ans, a
ét repéré par l'école. Il bave, hurle et se masturbe en classe. Les regards
insistants du père inquiètent les institutrices... Tout est consigné. Des
signalements effectués par les assistantes sociales sont transmis en 1995, en
1996, en 1997 au juge des enfants. Un autre, qui évoque l'agression sexuelle de
Benjamin, dans une cave durant l'été 1997, sera même envoyé directement au
procureur de la République.
Après une brève enquête, l'affaire est classée sans suite. La famille
Delay est désormais suivie par deux services, l'Utass et le Centre d'acdon
éducative (CAE) qui dépend du ministère de la Justice. Les travailleurs sociaux
continuent d'observer. Au foyer Beaucerf, qui s'est occupé trente ans plus tôt
de Myriam, on surprend Jimmy à « uriner sur
les jeux et le lit de plusieurs enfants :un éventuel trouble ou traumatisme
sexuel ? ». Comme d'habitude, les éducateurs et les assistantes sociales
grimpent en haut de la tour des Merles. Comme d'habitude, Myriam fait son
cirque, oui, les enfants sont durs, non, elle ne prend pas le centre médico‑pédagogique
pour une garderie. Elle le sait, un psy, ça peut aider, et puis le mari va
arrêter la bière et chercher un boulot...
Les agents de l'ASE reviennent toujours un peu déboussolés par cette
étrange mère qui se confie et puis soudain se drape. Les rapports varient selon
l'humeur de Myriam, tel jour « pas de
difficultés particulières », tel autre, l'assistante sociale s'inquiète.
Elle écrit au juge des enfants : « Ces dernières
semaines, nous trouvons porte close... DIMITRI mime
souvent des scènes sexuelles, ce qui
pose question...
FRANCK ET
SANDRINE LAVIER (ICI EN 2004) C'est le seul couple qui a résisté à la tempête.
Ils ont retrouvé trois de leurs enfants après leur acquittement en décembre et
sauront la semaine prochaine s'ils récupèrent leur dernière fille.
Notons qu'au domicile se trouve
une bibliothèque remplie de cassettes vidéo de nature pornographique. » Au magistrat d'apprécier. Lui seul peut décider d'un
placement, même s'il le fait, dans 80% des cas, sur signalement de l'ASE.
L’assistante sociale pourrait le lui suggérer, mais pour elle comme pour ses
collègues, le maintien des enfants dans la famille est une priorité, à moins
qu'il n'y ait un réel danger... « On touche
là au coeur du problème, celui de l'évaluation, confesse aujourd'hui Gérard
Lefebvre, chef du service protection de l'enfance du Pas‑de‑Calais.
Parfois, tout est sous nos yeux, mais on
ne voit rien, parce que l'information est éparpillée ou mal appréciée. »
Ironie du système, c'est Badaoui, et non l'ASE, qui finira par mettre
ses trois fils à l'abri, en demandant leur placement au mois de février 2000,
après une crise avec son mari. La juge des enfants s'exécute. « Attendu que M. Delay n'est pas violent avec les
enfants, mais que le climat est néfaste à leur développement», les garçons
sont éloignés en semaine de la tour des Merles.
L’ASE a quelques heures pour leur trouver un hébergement, dans un foyer
ou une famille d'accueil pas trop éloignée de chez eux. Théoriquement, les
fratries doivent être regroupées, elles seront, tout au long de l'affaire,
quasi systématiquement séparées. « Question d'intendance
», explique‑t‑on au conseil général, qui doit gérer 4 000
enfants placés. Alban est envoyé à Outreau. Benjamin et Bryan, dans un joli
village un peu plus loin, à Samer, chez Christiane B., une petite femme
proprette, comme son pavillon. A l'approche de la cinquantaine, cette ancienne
employée de maison, mariée à un ouvrier et mère de trois enfants, avait envie
d'une nouvelle vie. Assistante maternelle – « mère d'élevage « ,
comme on disait autrefois ‑, ça lui paraissait facile et plutôt bien payé
(environ 1500 euros brut par mois pour deux enfants). Elle a posé sa
candidature au conseil général, reçu la v site d'un éducateur, puis d'u
psychologue, avant d'obtenir l'agrément. Baptême du feu avec les petits Delay.
Benjamin, 8 ans, « barbouille 1, murs
avec ses excréments », Bryan, 5 an reste prostré des heures. Elle n'a
jamais vu des enfants aussi perturbés et aussi sales. La « tata «
se plaint à la sortie d( classes, parle des retours de week end difficiles, des
garçons sur les nerfs. El ne comprend pas pourquoi on s'évertue à maintenir le
droit d'hébergement des parents.
Sylvie C., l'assistante maternel d'Alban, se pose la même question. Dix
ans d'expérience, cette ex‑caissière est bouleversée par ce petit ( 6 ans
qui passe sa vie aux toilettes et mange son caca. Toutes les deux rendent
compte l'assistante sociale de l'Utass qui suit depuis longtemps les Delay.
Résultat : des rapport comme toujours, transmis à la direction Enfance et
Famille de Boulogne‑sur‑Mer, pu au juge. Celui du 26 mai 2000 par
exemple « Alban est rentré avec un bleu
sur la fesse, il a ~ que c'est papa qui le lui avait fait. Par contre 0 et Mme Delay avaient
préparé l'anniversaire Jonathan avec un bon gâteau. Les enfants sont contents
d'aller chez Papa et Maman mais prcisent que si' c'est pour frapper, c'est pas
la peine Effarant.
L’assistante sociale poursuit « ~ conseils
sont donnés, ainsi que d'autres punition que de battre les enfants... » avant de
plaid( tout de même, pour une réduction d'hébergement à un week‑end sur
deux. Mais les ni( passent et la justice ne réagit pas. jusqu'à que les
enfants, à l'automne, se mettent à parler à leurs « tatas » : les cassettes
porno, papa « qui suce le zizi »... 1’horreur absolue. On connaît la suite: le 30 novembre 2000,
l'assistante sociale demande enfin une suspension totale des droits de visite.
Un rapport est transmis au procureur. Cinq jours plus tard, c'est le début de
l'affaire d'Outreau.
Les révélations s'enchaînent, c'est une semi victoire pour l'ASE. Sans
le placement, les enfants n'auraient peut‑être jamais parlé. Leur
supplice est fini mais il a duré des années, malgré le suivi des travailleurs
sociaux. « A cette époque, ils ont dû se
sentir coupables, confie le président du conseil général, Dominique
Dupflet. Alors ils ont voulu bien faire
leur travail. » Vite, il faut rattraper les fautes, faire parler les
enfants... Christiane B. prend son petit carnet. Elle note tout ce que lui dit
le second fils Delay. Il accuse sans cesse, sous la douche, dans le jardin, la
cuisine... Vertige. Un moment, Christiane B. s'interroge: « Cinquante fois que je repose la question « est‑ce
que tu dis la vérité ? » Benjamin juré, « oui . , tata, c'est vrai », et lui dit qu'il l'aime. Elle ne doutera
plus jamais.
Les " tatas » épousent la cause des enfants. Elles sont leur psy,
leur avocat. Elles sont là, Mères Courage, quand il faut aller à l'hôpital,
faire examiner l'anus des petits, couvrir leur tête et leurs larmes avant
d'aller déposer à la police. Mélange d'écoeurement et d'excitation aussi : la
hiérarchie de l'ASE les félicite, les voisins sont admiratifs. Les voilà au
coeur d'une affaire d'Etat. Leur contrat leur impose de rapporter la parole de
l'enfant, brute. Elles vont bien au‑delà, s'appellent, consultent les
maris, font dessiner les enfants, retranscrivent : Jean‑Marc, l'abbé, le
taxi, Dany qui habite la Belgique... Comme Burgaud, avant lui, elles cherchent
une cohérence. Un geste de Benjamin devant une maman de l'école ? Compte rendu
immédiat et détaillé de Chrisfiane B.. à sa responsable, qui transmet au procureur
: « Benjamin parle d'un couple de Samer,
ils ont une maison à Winvignes, monsieur serait huissier... » Et voilà
comment le couple Marécaux se retrouve en prison. Leurs enfants sont également
placés, mais moins longtemps que les petits de la Tour du Renard. Effet de
classe sans doute. Et d'un bon avocat, Frank Berton, qui, au bout de trois
mois, obtient que la fille et les deux fils de l'huissier soient finalement
confiés à leurs grands‑parents.
Me Hubert Delarue, l'autre avocat des Marécaux, l'a répété à Saint‑Omer:
« Ce sont les "tatas" qui
mènent l'enquête. » Elles sont bientôt de plus en plus zélées ‑certaines
se rendent elles‑mêmes au commissariat ‑ et de plus en plus
nombreuses... Quatre nouvelles sont entrées dans la danse avec le placement des
enfants Lavier, eux aussi séparés, au mépris des règles. Anna, la seconde fille
du couple, atterrit en face de chez Sylvie C., qui garde Alban. Celle‑ci
alerte sa ~( collègue » : d'après le petit Delay, la petite aussi a subi « des
manières». L'assistante maternelle d'Anna obtient quelques semaines plus tard les premières confidences. Les enfants Delay et
Lavier se retrouvent régulièrement à l'Utass d'Outreau pour des ateliers
éducatifs. Coïncidence ? La soeur aînée, qui n'avait jusque‑là accusé
personne, parle enfin en février 2002 : ses parents aussi lui demandaient de
filmer leurs ébats et le beau‑père l'a violée, avec deux autres hommes,
ce qu'elle maintiendra lors des deux procès, malgré les expertises qui la
disent vierge.
Les enfants se sentent‑ils obligés de balancer pour se faire aimer
? Quelles relations se créent dans l'intimité avec les "tatas " ?
Quelle est la part de vérité, d'affabulation, de contamination... ? Toutes ces
questions n'ont, semble-t‑il, jamais travaillé les responsables locaux de
l'ASE à aucun échelon, ni à Outreau, ni à Boulogne‑sur‑Mer, ni à
Arras. Les notes s'entassent et alimentent l'enquête de Burgaud. Elles sont
truffées de « révélations suite aux infos
télévisées, à un téléfilm sur les pédophiles »... Chaque observation, un
visage triste, une petite qui gémit la nuit et montre son ventre... semble
nourrir la thèse de la culpabilité. Il n'y a jamais aucune distance, aucune
allusion à la folie qui depuis deux ans s'est emparée d'Outreau. Rien non plus
sur les conséquences des placements. UASE, d'ordinaire si attachée au maintien
des liens avec les parents, ne s'interroge jamais sur l'impact de la séparation
brutale, un papa, une maman que l'on ne voit plus, ou bien à la télé, en
monstres pédophiles... A aucun moment, personne n'a demandé le secours de
pédopsychiatres, personne n'a cru bon de calmer la machine ? « Non, on n'avait jamais vu ça, On était dans l'émotion, complètement
dépassés, reconnaît‑on aujourd'hui au conseil général. Nos assistantes maternelles ne sont pas des
licenciées en psycho. On leur demande de relayer la parole de l'enfant. Après,
c'était au juge de démêler le faux du vrai. »
E ne l'a pas fait. Treize innocents ont été accusés. La justice a fait
ses excuses, l'ASE n'en pas ressenti le besoin, A la cour d'assises de Paris,
Odile Marécaux attendait de voir Christiane B. Un geste, un mot... Celle‑ci
ne l'a même pas regardée et a maintenu à la barre : « Les enfants ne pouvaient pas inventer. » A Outreau, Sylvie C.,
l'assistante maternelle d'Alban, hurle sur le pas de sa porte : « Foutez‑nous
la paix. Maintenant, on fait comme si'
c'était nous qu'avons mis tout le monde en prison... » Ses voisins lui
tournent le dos, sa propre mère ne veut plus lui parler. « Pour nous aussi
cette affaire est un drame. »
Aujourd'hui, tous les enfants Delay sont dans une nouvelle famille
d'accueil, sauf le dernier. Les autres sont, une fois encore, traités sans beaucoup d'humanité. Prisonniers des
logiques mystérieuses de la justice et de l'ASE. Le fils de David Brunet et de
Karine Duchochois, placé en août 2002, a dû attendre encore six mois après
l'acquittement de ses parents pour pouvoir vivre avec eux. « On nous a dit qu'il fallait du temps pour qu'il
se réhabitue, ironise la jeune femme. Comme
si on l'avait habitué au montent où on nous l'a arraché... » Plus de deux
ans de séparation. Trois ans pour Odile Marécaux et ses enfants, sa fille de 11
ans ne quitte plus ses genoux, ses fils lui en font voir de toutes les
couleurs. « Des cassures irréparables », disent
pudiquement les deux mères. Les Lavier, eux, ont été appelés par une assistante
sociale au lendemain du verdict de Paris
« Vous pouvez passer prendre les
deux petits. » L'aînée est
rentrée en janvier. Reste Anna, dont le sort est en délibéré jusqu'à la semaine
prochaine chez le juge des enfants. Sa mère ne l'a pas vue depuis bientôt cinq
ans.
KARINE Duchochois (ICI EN 2004) Séparée de son fils pendant plus de
deux ans, elle ne l'a retrouvé que six mois après son acquittement. Elle vient
de fonder une association d'aide aux enfants de victimes d'erreurs judiciaires.
Alain Marécaux et Odile Polvèche-Marécaux (ici en
janvier).Les enfants Marécaux ont été placés trois mois dans une famille
d’accueil avant d’être confiés, plus de trois ans, à leurs grands-parents. Le
couple est en instance de divorce.
(1)
Arrêté le 23 avril 2001, François Mourmand est décédé en prison le 9 juin 2002.
2) Arrêté le 6 mars 2001, Thierry Dausque passera
trente‑huit mois en détention, avant d'être acquitté par la cour
d'assises de Paris.
Après les
critiques, la réforme :
Un budget cinq fois supérieur à celui de l'Unicef (près de 5 milliards
d'euros), 120 000 enfants placés sous sa responsabilité, largement autant
surveillés par ses agents, l'Aide sociale à l'Enfance (ASE) est un monstre
méconnu, et régulièrement contesté. Angers, Outreau... à chaque affaire, on
s'interroge sur le fonctionnement de cette institution confiée depuis 1983 aux
départements. Assure‑t‑elle vraiment sa mission de soutien et de
protection des enfants ? Depuis 2000, l'ASE a fait l'objet d'une dizaine de
rapports. Celui de la défenseure des enfants Claire Brisset pointait, selon les
départements, des écarts de 1 à 12 dans le taux de placement, de 15 à 45 dans
le nombre d'enfants suivis par un éducateur. En septembre dernier, une centaine
de personnalités, magistrats, médecins, responsables associatifs, présidents de
conseils généraux... réunis à l'initiative de Claude Roméo, directeur de
l'Enfance et de la famille en Seine‑Saint‑Denis, et du président du
tribunal pour enfants de Bobigny, jeanPierre Rosenczveig, ont lancé un appel
pour une véritable réforme de l'ASE. Entendu par le ministre délégué à la
Famille, Philippe Bas, l'~~ appel des cent » a donné lieu à des débats dans tous
les départements. Le ministre présente ce jeudi son projet de loi. Il prévoit
notamment de renforcer la prévention ‑ la Protection maternelle infantile
(PMI) devrait disposer de moyens supplémentaires ‑ et d'améliorer le
partage de l'information, grâce à la création d'une cellule départementale
chargée de recueillir et d'analyser tous les signalements.
S. des D.
Le nouvel Observateur 16-22 mars 2006